La filière porcine provençale Petit cochon deviendra grand

Il n’était alors pas question de la grippe porcine lorsque s'est déroulée cette réunion... Pourtant, c’est bien un sujet de prophylaxie qui a ouvert ces assemblées générales : Hervé Maes, vétérinaire conseil de l’association des producteurs de porcs de Provence, a présenté l’arrêté sur l’allègement de la prophylaxie mis en place depuis le 28 janvier 2009 concernant la Maladie d’Aujesky (lire ici).

L'association des producteurs de porc de Provence (A3P) et le syndicat porcin 13/83/84 lors de leur assemblée générale. (© CZ)

Suite à cela, Gérald Moretti, président de l’association A3P et président du syndicat porcin, a résumé dans son rapport moral le déroulement de l’année 2008. « Les années se suivent et malheureusement se ressemblent avec, en 2008, une conjoncture toujours très défavorable à la filière porcine régionale », soulignait-il.

Un manque à gagner de 0,20 à 0,40 €/kg

L’année 2008 a été marquée par un double phénomène économique : d’une part, une augmentation des charges des matières premières entraînant une augmentation du prix de l’aliment « de près de 30 à 40% selon la période et les conditions d’approvisionnement » ; d’autre part, au niveau national, un prix moyen du porc de qualité avec 60% de TVM*, de 1,42€, « mais avec des cours très bas en début et fin d’année, de l’ordre de 1,10 € ».

Et le président de poursuivre : « Le gain moyen de 2008 de 11% par rapport à 2007 n’a donc pas permis de sortir de la crise.» Même son de cloche chez les naisseurs : le prix des porcelets est resté bas, avec une moyenne annuelle pour du porcelet de 25 kg de 1,83 €/kg et un prix de l’aliment Ifip en hausse de 22% par rapport à 2007. « L’analyse des données technico-économiques des élevages traduit un manque à gagner pour les éleveurs d’environ 0,20 à 0,40 euros/kg de porc produit. C’est dire si la situation financière des élevages est difficile avec des trésoreries exsangues ! »

Développer une filière locale

Même si le ministère de l’Agriculture a annoncé le débloquement d’aides pour soutenir le secteur le 6 avril dernier (encadré), le syndicat va se joindre aux syndicats porcins des Alpes-de-Haute-Provence et hautes-Alpes. Objectif : envoyer un courrier commun à la Fédération nationale porcine qui doit tenir sonassemblée générale prochainement pour l’alerter sur la situation économique des élevages du Sud-Est.

« Pour notre région, la pérennisation de nos élevages passe plus que jamais par la mise en place de démarches d’identification. L’exemple de la filière Porc Ventoux, qui a pu maintenir des prix suffisants pour les éleveurs malgré la crise est un exemple à méditer et à suivre. Nous devons nous engager dans cette voie avec nos partenaires d’amont et d’aval pour mettre en place une stratégie adaptée à la situation de nos élevages et à nos marchés locaux » concluait Gérald Moretti.

« La pérennisation de nos élevages passe plus que jamais par la mise en place de démarches d’identification, à l’image de la filière Porc Ventoux », notait Gérald Moretti, président du Syndicat porcin 13/83/84.  (© CZ)

Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir Olivier Roux, de la société Alazard & Roux basée à Tarascon (lire ici), et Marc Bermond, le gérant du groupe Bermond, basée à Saint-Bauzely dans le Gard (lire ici).

Le plan de soutien de la filière porcine Face aux difficultés rencontrées par le secteur porcin, confronté à une dégradation importante des trésoreries, le ministre de l'Agriculture Michel Barnier a annoncé le 6 avril dernier un plan de soutien proposant la mise en place de mesures mobilisant quelques 33 millions d’euros avec le soutien des banques : • 1 million d’euros sera consacré à l’allègement de l’annuité 2009 des intérêts des emprunts des éleveurs à court, moyen et long terme • 3 millions d’euros permettront de mobiliser à un taux bonifié 30 millions de prêts de consolidation et de trésorerie • 2 millions d’euros seront disponibles auprès de FranceAgriMer pour apporter un soutien aux entreprises présentant des pertes de chiffres d’affaires. Enfin, le ministère de l’Agriculture poursuit ses efforts auprès de la Commission pour obtenir la mise en place de restitutions à l’exportation et dégager ainsi le marché.